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le voyais de dos, comme si j’étais plus haute que lui. — D. Pourquoi dis-tu n’importe quel cheval ? — R. C’est pour la même raison que tout à l’heure. Ce n’est pas un cheval que je connaisse. Comme je sais comment sont faits les chevaux, je puis très bien m’en représenter un. »

Dans cet exemple, l’image reste générale ; cependant, elle contient beaucoup de déterminations, le cheval est brun, il n’est pas harnaché, il monte l’avenue Jacqueminot. Malgré ces déterminations, l’image reste générale, c’est n’importe quel cheval, ce qui veut dire tout simplement que l’image n’est pas un souvenir particulier.

Voilà les faits. Nous les interpréterons dans un instant.


Imagerie provoquée par des noms désignant des personnes ou des objets particuliers


C’est par comparaison avec la série précédente, où nous avons étudié l’imagerie produite par des noms généraux, que nous allons chercher ce qui se passe lorsque la pensée se spécialise sur une personne ou sur un objet. On s’attend sans doute à un contraste, mais il est moins grand qu’on ne pourrait le croire. Le plus souvent, quand les deux fillettes sont bien disposées, elles ont une image précise de la personne qu’on leur nomme, et cette image vient assez facilement ; mais il n’en est pas toujours ainsi. Si on classe les réponses assez variées qu’on obtient en répétant un très grand nombre de fois l’expérience, on trouve que cette classification, la proportion des réponses étant mise à part, ne diffère point de celle que nous avons faite pour les idées générales. Ainsi, parmi les différentes réponses, nous signalerons :

1o L’absence d’images. On pense à la personne et on n’arrive pas à la voir. Le sujet répond rien, exactement comme dans l’enquête de Ribot sur les idées générales ;