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mémoire

sinée, sauvée de la destruction ; par la mémoire, on supprime en quelque sorte le temps, on retrouve les états antérieurs comme s’ils étaient encore présents et actuels. Dès lors, toutes les expériences, fort nombreuses comme nature, qu’on peut faire sur la mémoire, porteront au moins en partie sur ce point : dans quelle mesure une sensation est-elle conservée par la mémoire ? quelles sont les altérations du souvenir ? quelles sont les influences qui agissent sur la conservation des souvenirs, qui en augmentent ou en diminuent la fidélité ?

Si c’est là le point capital autour duquel se groupent toutes les études expérimentales sur la mémoire, il en résulte logiquement que les méthodes d’expérimentation sur la mémoire doivent consister à nous rendre compte des différences, parfois légères, parfois profondes, qui existent entre la mémoire et la sensation originale qu’elle reproduit.

Prenons un exemple particulier.

Supposons que nous nous proposions d’étudier chez une personne la mémoire des lignes : nous commencerons par mettre sous ses yeux une ligne d’une longueur déterminée, par exemple un petit bâton de 5 centimètres, ou une ligne tracée à l’encre sur une feuille de papier. C’est le premier temps de l’expérience. Quand l’examen de la ligne est terminé, on laisse s’écouler un certain intervalle, et on recherche ensuite quel souvenir la personne a retenu de la perception.