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LES MOUVEMENTS

constater ; mais on s’appuie, pour les admettre, sur un ensemble de faits et de considérations physiologiques et pathologiques.

Ce n’est pas ici le lieu de discuter la légitimité de ces intéressantes hypothèses ; nous devons seulement faire remarquer que de telles notions sur la mémoire ont peut-être le danger de faire croire que la mémoire psychologique, telle qu’on peut l’étudier sur l’homme, est une fonction simple ; la vérité est qu’elle consiste toujours dans un ensemble d’opérations complexes.

Le souvenir n’est point, comme on le dit parfois, une sensation reproduite. D’une part, il faut bien savoir que la sensation, entendue comme un effet direct d’une excitation extérieure sur nos organes des sens, est une entité psychologique sans réalité ; toujours la sensation s’associe à d’autres images qui la situent, qui en fixent la nature, qui en éclairent la signification ; il y a une réaction de l’esprit sur la sensation, pour la mieux saisir et comprendre, et c’est à cet ensemble de phénomènes qu’on donne le nom de perception. La mémoire n’est donc pas la reproduction d’une sensation, mais la reproduction d’un groupe complexe d’états de conscience ayant pour objet la connaissance d’un objet extérieur. En outre, il y a dans la mémoire un jugement par lequel on se rend compte qu’on a affaire à un souvenir, et par lequel on rectifie les erreurs, les lacunes, et les dégradations du souvenir pour le faire concorder avec la