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psychologie expérimentale

la localisation qu’il donnait au contact, mais encore sur les faits accessoires qui pouvaient se passer en même temps dans son esprit ; c’est par ces interrogations répétées qu’on est parvenu à comprendre le mécanisme de la localisation, mécanisme dont on n’avait aucune idée en commençant les expériences. L’expérimentateur avait remarqué que pour un même point de la peau qu’on excite, les erreurs de localisation se font presque toutes dans une même direction ; ainsi, lorsqu’on touche avec une pointe mousse la face antérieure du poignet, à 4 centimètres du pli qui sépare la main de l’avant-bras, le sujet indique sur une photographie de son bras, comme siège de ce contact, un point se trouvant à quelques millimètres du pli (fig. 1). Si au lieu de simplement noter cette localisation, on fait attention à la manière dont le sujet s’exprime pour l’indiquer, on remarque qu’il parle volontiers du pli, et qu’il considère la distance entre le pli et le point touché. On remarque ensuite que le sujet, quand il a la main ouverte et posée sur la table, sent la position du pli, qui lui est attestée soit par des souvenirs récents, soit par de légères sensations actuelles. C’est en réunissant et en interprétant ces faits de conscience qui ne peuvent être révélés que par des sujets intelligents qui s’observent avec soin, qu’on parvient à comprendre le sens des erreurs de localisation, et par conséquent le mécanisme de cette localisation. On localise les sensations tactiles en les rapportant à des points de repère connus et familiers, consti-