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PSYCHOLOGIE EXPÉRIMENTALE

tement. Il en est résulté qu’on a moins regardé, moins observé le sujet en expérience ; on a cherché à abréger autant que possible ses réponses, et le récit des expériences est en général sobre de détails sur l’état psychologique à étudier.

On peut se rendre compte de cette tendance d’esprit en voyant comment les expérimentateurs étrangers ont l’habitude de conduire leurs recherches. Prenons les expériences sur la perception et le sens du temps, expériences qui consistent à comparer deux intervalles de temps limités par des bruits. La personne devant se prêter à ces recherches a son jour et son heure de rendez-vous les appareils et le reste sont prêts avant son arrivée ; on l’introduit aussitôt dans une pièce obscure « afin d’écarter, dit-on, toutes les distractions », et on l’y laisse seule ; l’expérimentateur ne reste point en contact avec elle pour l’interroger et connaître ses impressions ; il est, pendant toute la durée des expériences, dans une pièce éloignée et les deux personnes ne communiquent que par des timbres électriques.

On fait percevoir au sujet successivement les intervalles à comparer ; il doit répondre à une des trois questions formulées d’avance : égal, plus grand ou plus petit. Il ne peut ajouter aucun commentaire à ces réponses, par l’excellente raison qu’il les transmet au moyen du signal électrique ; un coup de timbre est donné pour signifier égal ; deux coups de timbre signifient plus grand ; et trois coups de timbre signifient plus petit. Ainsi, on ne demande