Page:Binet - Introduction à la psychologie expérimentale.djvu/160

Cette page a été validée par deux contributeurs.

signalées ne s’excluent pas elles ont chacune le droit de vivre. Il y a des questions qui, par leur nature même, réclament tel procédé d’étude, plutôt que tel autre. Dans tels cas, il faut se servir de la balance et de la chronométrie, dans tel cas de la conversation et de l’enquête. C’est à la sagacité de l’observateur qu’il appartient de choisir, parmi les moyens dont il dispose, celui qui lui paraît être le mieux approprié au but.

Nous tenons à insister une fois de plus sur l’idée importante qui domine nos recherches. Cette idée, c’est l’autonomie de la psychologie expérimentale, qui s’est définitivement organisée en science distincte et indépendante. À l’heure actuelle, la psychologie expérimentale représente un ensemble de recherches scientifiques qui se suffisent jusqu’à un certain point à elles-mêmes, comme les recherches de la botanique et de la zoologie elle s’est dégagée de cet amas confus et encore mal défini de connaissances auxquelles un donne le nom de philosophie : elle a coupé l’amarre qui l’attachait jusqu’ici à la métaphysique.

Entendons-nous bien sur ce point important de doctrine. La psychologie expérimentale est indépendante de la métaphysique, mais elle n’exclut aucune recherche de métaphysique. Elle ne suppose aucune solution particulière des grands problèmes de la vie et de l’âme ; elle n’a par elle-même aucune tendance spiritualiste, matérialiste ou moniste ; elle est une science naturelle ; rien de plus.