effets de la mémoire réelle et ceux de la mémoire simulée (ou mnémotechnie)[1] nous donnions à chacun de nos sujets une quantité de deux cents chiffres à apprendre, et nous nous bornions à mesurer le temps. Pour apprendre 200 chiffres, M. Diamandi (calculateur mental) a mis une heure vingt minutes et M. Arnould (mnémotechnicien) quarante-cinq minutes.
2o Qualité des souvenirs. — On sait aujourd’hui, par l’expérimentation psychologique et surtout par l’observation médicale des aphasiques, qu’un même objet peut être représenté dans l’esprit par des images absolument différentes. Si on prononce devant une personne le mot « cloche », cette personne peut se représenter simplement le mot, avec une vague tendance à penser à l’objet ; elle n’a dans l’esprit qu’une image verbale ; elle peut également se représenter uniquement la forme visible de la cloche, image visuelle ; ou bien s’en représenter le son, le tintement, image auditive. Le langage habituel de la conversation n’exprime point, d’ordinaire, ces nuances de pensées. Il importe, dans les études expérimentales sur la mémoire, de déterminer la part de chacun des sens dans la représentation d’un objet complexe.
Ainsi, on peut faire des expériences sur la production du souvenir, pour comparer le souvenir visuel au souvenir auditif ; dans une première série
- ↑ La simulation de la mémoire des chiffres, par Binet et Henri, Revue scientifique, juin 1893.