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seulement en réponse à des excitations extérieures comme celle du froid, mais à beaucoup d’excitations psychiques, surtout les excitations brusques et les émotions. Nous allons étudier comment ils se comportent sous l’influence du travail intellectuel.

Appareils. — Les changements de volume que notre corps présente d’une manière continue, par suite des dilatations et resserrements des vaisseaux sanguins, sont de valeur si faible qu’ils passent inaperçus à la vue aussi bien qu’au toucher ; il faut, pour les étudier, employer des appareils spéciaux, un peu compliqués, qui exigent pour la plupart les installations spéciales d’un laboratoire de physiologie. Ces appareils rendent visibles la dilatation et la constriction des membres, en faisant agir leur effet totalisé sur le niveau de l’eau contenue dans un tube d’étroit diamètre. C’est là le principe des appareils inventés par Piégu, Chelius, Fick, Mosso, François-Franck et ses élèves ; ces appareils consistent essentiellement dans des récipients pleins d’eau et en communication avec des tubes de verre ; on introduit la main, par exemple, ou le bras dans le récipient, qu’on ferme ensuite soigneusement ; et les augmentations et diminutions de volume de la main, agissant sur le liquide du récipient, et par là sur le liquide contenu dans le tube de verre, en élèvent et en abaissent le niveau. Piégu et Chelius[1] se sont contentés d’étudier de visu les oscillations de cette colonne liquide, et il est curieux qu’avec des moyens d’observation aussi grossiers ces auteurs aient pu analyser avec une grande approximation l’effet combiné qu’exercent sur le volume des membres le travail du cœur et les actes respiratoires.

Le physiologiste Fick a réalisé un grand progrès en appliquant à l’étude des changements de volume des

  1. Vierteljahr. f. d. prakt. Heilkunde von d. Med. Facultät in Prag. B. XXV-XXVI, 1850. Les détails que nous donnons sont empruntés à une thèse de A. Suc, Paris, 1879.