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vingt pulsations par minute ; le maximum d’accélération serait donc d’un quart ; c’est bien peu de chose, si on compare cette accélération à celle de la course. Nous avons par exemple observé sur l’un de nous (V. H.) qu’après une course rapide d’une dizaine de minutes le pouls était devenu de 160 au lieu de 80 par minute : ce qui représentait une augmentation égale au double.

Quand le travail intellectuel est terminé et que l’attention se relâche, il peut y avoir une prolongation de l’accélération, avant le retour à l’état normal ; ou bien il peut se produire au contraire, comme Mac Dougal l’a signalé récemment, un ralentissement du cœur, qui bat moins vite qu’à l’état normal ; les chiffres publiés par Mac Dougal montrent la réalité de ce ralentissement, qui du reste est peu de chose, car il se réduit à une dizaine de pulsations en moins par minute.

Nous devons rappeler, avant de quitter ce point, que le calcul mental, qui exige un sérieux effort intellectuel, s’accompagne en général d’un état émotionnel d’anxiété, tenant à la crainte d’oublier les données, et aussi à la crainte de ne pas trouver le résultat exact ; cet état émotionnel augmente d’intensité quand l’exercice de calcul mental se fait devant des témoins et avec une certaine solennité. Il est bien moindre, mais il n’en existe pas moins, lorsque le calculateur est seul : il faut tenir compte ici de nombreuses variétés individuelles.

Nous connaissons bien peu de travaux sur les effets produits par un travail intellectuel prolongé sur la vitesse du pouls. Nous ne pouvons citer qu’une expérience unique, due à Binet et Courtier. Comme cette étude a porté à la fois sur la circulation capillaire et sur la vitesse du pouls, nous en parlerons un peu plus loin, lorsqu’il sera question de la circulation capillaire.

Il suffira de dire ici que pendant une après-midi de travail intellectuel, la contention d’esprit tend à ralentir le pouls.