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sang, un affaiblissement de la force musculaire, etc., on n’a pas tout dit. On n’a pas expliqué comment un certain fonctionnement des centres nerveux de l’encéphale a provoqué ces conséquences physiologiques. La provocation, dans la plupart des cas, ne peut pas être directe, elle est indirecte, compliquée ; elle suppose des mécanismes intermédiaires. La recherche de ces mécanismes intermédiaires est certainement une des plus belles parties de la science. Malheureusement, sur beaucoup de points, elle est encore hypothétique. Aussi serons-nous forcé d’être brefs sur ces questions ; mais nous ne les laisserons pas entièrement de côté.

Nous examinerons d’abord les effets du travail intellectuel sur le cœur, parce que la circulation du sang, en y comprenant le cœur et les nerfs vaso-moteurs, est, dans tout l’organisme, la fonction qui se modifie le plus facilement sous des influences psychiques ; la circulation du sang constitue le réactif le plus sensible des excitations qui intéressent le système nerveux. Une émotion qu’une personne éprouve peut ne se manifester sur sa physionomie par aucun signe visible, ne produire aucune modification saisissable de la motilité ; mais si l’émotion est forte, le rythme du cœur sera changé, les nerfs vaso-moteurs seront excités, bref la circulation subira un retentissement.

Il résulte de cet état de choses un avantage et un inconvénient. L’avantage, c’est que le processus psychique le moins important, le plus faible, agit sur la circulation et la modifie, et que par conséquent l’étude de la circulation peut permettre de saisir les premiers effets, les effets les plus légers, du travail intellectuel ; l’inconvénient, c’est que par suite de la sensibilité très grande de la fonction circulatoire, elle se trouve dans un état extrêmement instable ; elle change d’un moment à l’autre, sans cesse modifiée par une foule d’influences, dont une bonne partie échappe à notre investigation, de sorte qu’au cours d’une expérience sur les relations du travail intellectuel et du pouls, on est