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en deux parties distinctes : une première recherche devra être faite sur les élèves des écoles et lycées pour rechercher quelle est chez eux la rapidité de réparation de la fatigue, ou en d’autres termes, au bout de quel temps les signes de fatigue qu’on a relevés chez eux disparaissent, comment ces élèves se reposent, quelles sont les circonstances qui favorisent ou qui entravent ce repos. Une seconde recherche devra se proposer de déterminer quelle est la vitesse de réparation qui, d’après l’âge des élèves, doit être considérée comme normale, et à partir de quel point il y a réparation anormale, c’est-à-dire pathologique, et par conséquent surmenage.

Nous sommes encore loin, on le comprend maintenant, du moment où il sera possible de traiter scientifiquement le surmenage intellectuel. La question, qui paraissait facile à résoudre, est au contraire hors de notre portée actuelle ; le but auquel nous tendons paraît s’éloigner au lieu de se rapprocher. En réalité, nous nous en sommes rapprochés, puisque nous avons dissipé les illusions et montré quel est l’état exact de la question. Surtout, nous avons aujourd’hui le grand avantage de savoir ce qu’il faut faire. Nous possédons la plupart des méthodes qu’on devra employer ; ces méthodes ont été éprouvées, on en connaît les causes d’erreur et aussi les avantages. La voie est ouverte.

Nous terminons ce livre par le vœu que l’administration française, trop éclairée pour ne pas comprendre l’intérêt supérieur de ces études, se persuade bien qu’on ne résoudra aucun problème pédagogique par des discussions, des discours et des joutes oratoires, et favorise de tout son pouvoir les recherches de psychologie expérimentale dans les écoles !