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qu’il y a une fatigue intellectuelle, mais il n’en résulte pas du tout que toute fatigue intellectuelle produise une augmentation du seuil, la réciproque n’est pas démontrée ; il peut très bien arriver que l’élève soit fatigué et que cette fatigue ne se remarque pas nettement sur la valeur du seuil.

En somme, cette méthode présente quelques points incertains, et il ne faudra jamais l’employer seule.

Résumons maintenant dans ce dernier chapitre les résultats principaux qui ressortent des différentes études physiologiques et psychologiques que nous avons décrites longuement dans le courant du livre.

1° Nous avons vu, dans la première partie du livre, que sous l’influence du travail intellectuel il se produit des modifications plus ou moins fortes dans les fonctions physiologiques les plus importantes de l’organisme, telles que la circulation du sang, la respiration, la température du corps, les échanges nutritifs de l’organisme et la force musculaire ; un certain nombre de ces modifications se produisent déjà pour un travail intellectuel très court, d’autres n’ont été observées jusqu’ici qu’après un travail prolongé et intense. Dans tous les cas on peut affirmer ce résultat d’une grande importance qu’aucun travail intellectuel ne peut être exécuté sans retentir sur l’organisme ; la durée et l’intensité de ce retentissement varient suivant le travail intellectuel et suivant la fonction physiologique étudiée.

2° Si on examine pour chaque fonction physiologique ou psychologique les effets produits par le travail intellectuel, on remarque une certaine analogie de ces effets ; ainsi, par exemple, après un travail court le cœur s’accélère ; si le travail dure assez longtemps, le cœur se ralentit ; de même la forme du pouls devient parfois accentuée pendant un travail court, et lorsque le travail dure plusieurs minutes le dicrotisme s’atténue ; il en est de même pour l’état des vaisseaux sanguins de la main ; au début du travail on a une vaso-constriction, et après quelques minutes une vaso-dilatation ; pour la fonction respiratoire le même phéno-