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La méthode de la mémoire des chiffres a donné un résultat inattendu ; on commet moins de fautes après les classes qu’avant. Ce résultat n’indique pas du tout que la mémoire devient meilleure, il indique seulement que l’exercice joue un rôle très important dans ces expériences de mémoire, et cette influence de l’exercice masque les influences produites par la fatigue intellectuelle ; la méthode est donc défectueuse pour déterminer le degré de fatigue intellectuelle. On aurait pu le voir déjà en faisant les expériences sur une ou deux classes, et éviter ainsi une perte de temps inutile ; nous donnons quelques chiffres pour les deux classes extrêmes du lycée de garçons.

  AGE

MOYEN
NOMBRE DE FAUTES dans toutes les séries par élève.
Avant la 1re leçon. Après la 1re leçon. Après la 4e leçon. Après la 5e leçon.
Classe supérieure 
18 ans. 8,5 6,3 5,1 4,7
  —   inférieure 
10,7 22,6 21,0 10,3 15,5

On voit bien que dans la classe inférieure les élèves ont commis plus d’erreurs que dans la classe supérieure ; seulement, après cinq heures de classe le matin, les élèves des deux classes commettent moins d’erreurs qu’avant les classes. C’est bien probablement un effet de la répétition de l’épreuve qui amène une adaptation meilleure de l’élève pour l’expérience et lui permet ainsi de l’exécuter mieux qu’au commencement, malgré la fatigue produite par les cinq classes du matin.

La méthode de combinaison a donné des résultats très vagues, les variations produites par la différence des textes présentés après chaque leçon sont trop considérables et il est impossible de savoir quelle est la part de la variation produite par la fatigue intellectuelle et quelle est celle qu’on doit rapporter à la différence des textes.