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se rappellent les chiffres en se les représentant visuellement sans faire attention au nom de ces chiffres ; pour ces personnes un nombre de deux chiffres tel que 12 par exemple n’est pas du tout équivalent à un nombre d’un chiffre comme 5. L’auteur ne dit pas comment ses séries étaient formées des 13 nombres indiqués plus haut ; on a le droit de supposer que parmi les séries de six nombres il y en avait qui contenaient 7 ou 8 chiffres, et que parmi les séries de sept nombres il y en avait qui ne contenaient que 7 chiffres. En somme, cette erreur de méthode compromet beaucoup la valeur du travail, puisqu’on ne peut pas être sûr que des séries indiquées comme étant plus longues que d’autres l’étaient en réalité au point de vue du nombre de chiffres ; cette erreur n’aurait pas pu être commise par une personne familière avec les expériences qui ont été faites sur la mémoire en Amérique et en France.

Enfin la troisième méthode employée par la commission est la méthode des combinaisons ; on présente aux élèves un texte imprimé dans lequel certains mots manquent ou ne sont pas achevés, des traits indiquent le nombre de syllabes qui manquent ; l’élève doit remplir les lacunes aussi rapidement que possible, il doit tenir compte du nombre de syllabes qui manquent dans chaque lacune et puis les remplir de façon à ce que le sens général du passage ne soit pas altéré. Nous donnons ci-après un exemple analogue à ceux qui ont été présentés aux élèves :

« Depuis plus — mois la santé — mini —, touj — chancel —, était profon — — al ; c’était de — lit — mala —, en proie — — cru — doul —, qu’il diri — à la — les armées et — pro — de Cinq-Mars. »

Les calculs faits pour représenter les résultats obtenus par cette méthode sont complètement arbitraires ; on comptait d’abord le nombre de syllabes remplies par les élèves, ensuite on comptait le nombre de lacunes passées par l’élève sans être remplies, ces lacunes non remplies étaient considérées comme des demi-fautes ; ensuite on