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montre qu’un travail physique, tel qu’une marche de deux heures, influe sur différents processus psychiques, quelquefois même plus qu’un travail intellectuel facile d’une heure ; c’est un résultat qui indique nettement l’inexactitude des affirmations que l’on trouve dans la plupart des traités de pédagogie, que les efforts physiques et la gymnastique peuvent servir de repos après ou avant un travail intellectuel.
Fig. 85. — Influence du travail intellectuel et du travail musculaire sur la vitesse de lecture.
Ce n’est pas exact, on ne peut pas considérer l’individu comme formé de deux parties distinctes, l’une ayant rapport à l’activité physique et l’autre à l’activité mentale ; il existe entre l’activité mentale et l’activité physique une relation très étroite, de sorte que tout changement d’état dans l’une produit un retentissement dans l’autre.

2° Le travail précédent montre ensuite qu’un travail intellectuel modéré, qui ne fatigue pas beaucoup une personne adulte, produit cependant des effets sensibles, et ces influences sont produites non pas sur des processus psychiques compliqués qui nécessitent une forte concentration d’esprit, mais aussi sur des processus très simples, élémentaires pour ainsi dire, tels que la lecture à haute voix, les réactions verbales ou de choix, et les additions. Or, il est bien plus facile de faire des expériences quantitatives sur ces processus simples que sur des processus complexes ; c’est donc un résultat important au point de vue pratique, puisqu’il montre que l’on peut employer avec profit des méthodes d’expérimentation simples pareilles à celles que nous avons décrites plus haut ; ces méthodes pourront indiquer le degré de fatigue intellectuelle produit par telle cause spéciale.