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qui ont sévi dans la capitale pendant ces dernières années, et on admettra avec moi que la santé de nos lycéens est moins menacée qu’on ne paraît le croire. »

Ces statistiques sont certainement plus probantes que les énumérations vagues de Lagneau ; elles ne sont pas cependant satisfaisantes : car d’une part il est possible que beaucoup d’enfants et de jeunes gens soient réellement surmenés, éprouvent une fatigue très forte, dangereuse, et n’aillent pas à l’infirmerie, par conséquent ne figurent pas sur les registres des malades ; d’autre part, on doit admettre comme possible que des maladies d’épuisement peuvent naître au lycée et n’éclater que plus tard, quand les enfants sont revenus dans leurs familles ; dans le second cas, comme dans le premier, les registres de maladie seront muets.

Enfin, il faut bien savoir que la méthode pathologique ne peut indiquer que les excès considérables de fatigue, elle ne donne pas la mesure de la fatigue.

2o Les observations particulières de maladies survenues à la suite de travaux intellectuels excessifs ont quelque chose de plus éloquent que les froides statistiques. Peter est l’orateur qui a versé dans le débat le plus grand nombre de documents de ce genre, et il les a commentés avec une verve extraordinaire. Voici deux de ses observations, choisies parmi les meilleures. La première est celle d’une jeune fille. La mère de cette jeune victime du surmenage intellectuel écrit ceci :

« Voici comment la maladie de ma fille a commencé : il lui restait trois mois encore pour terminer sa dernière année d’études (1884) quand elle fut prise de violents maux de tête et de forts saignements de nez, bientôt accompagnés de fièvre. L’appétit et le sommeil avaient disparu.

« Le médecin du couvent craignait une fièvre typhoïde (et je me permets ici de dire que cette crainte était très naturelle, de tels accidents ressemblant à ceux de la fièvre typhoïde, à cela près de la brusque hyperthermie).