Page:Binet - Henri - La fatigue intellectuelle.djvu/236

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Les recherches de laboratoire peuvent être divisées en deux groupes :

1o  On choisit un certain travail intellectuel, on le fait faire à quelqu’un pendant un temps assez long, une heure par exemple, et on observe si la vitesse et la qualité du travail changent pendant ce temps. Ce sont donc les effets produits par le travail intellectuel sur le travail même qui sont étudiés dans ce groupe de recherches.

2o  On choisit un certain travail intellectuel que l’on fait faire à une personne pendant un certain temps, et on étudie si à la suite de ce travail différentes facultés psychiques de l’individu n’ont pas été modifiées ; ainsi, par exemple, on cherche si la durée des temps de réaction change ou non, si la mémoire des chiffres est modifiée ou non, etc. Ce sont donc les influences produites par le travail intellectuel sur différents processus psychiques qui font partie de ce deuxième groupe de recherches.

Toutes ces études de laboratoire ont été faites en Allemagne, surtout dans le laboratoire de Kraepelin à Heidelberg. Ce psychologue se distingue par une grande originalité ; il a entrepris ces travaux dans le but d’arriver à des méthodes pratiques pour l’étude des différents effets du travail intellectuel, et il est à désirer que des études de ce genre soient entreprises dans d’autres laboratoires de psychologie. Les recherches faites au laboratoire de Kraepelin ont malheureusement un défaut : le nombre trop faible de sujets ; souvent les expériences n’ont été faites que sur une ou deux personnes, et c’est de résultats aussi partiels que les auteurs déduisent des conclusions générales, non seulement pour d’autres individus appartenant au même milieu, mais même pour tous les individus, y compris les malades et les élèves des écoles. Ce sont des conclusions complètement hypothétiques, dont il ne faut pas tenir compte. L’importance des recherches de Kraepelin et de ses élèves ne consiste pas dans les résultats partiels obtenus sur des individus isolés ; elles valent par les méthodes d’étude que