Page:Binet - Henri - La fatigue intellectuelle.djvu/224

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

a choisi un régime alimentaire différent, puis il est probable que les différences individuelles doivent être considérables ; enfin les méthodes d’analyse employées n’ont pas toujours été assez précises[1].

La conclusion générale qui résulte de ces expériences est que le travail intellectuel influe sur la composition de l’urine d’une manière assez notable ; cette influence est très complexe ; il y a d’abord, comme l’ont trouvé tous les auteurs, une augmentation de la quantité totale de l’urine et une diminution de la densité de l’urine. Il faut rapprocher cette augmentation de la quantité de l’urine des expériences faites sur la pression du sang par Binet et Vaschide, qui ont vu que la pression du sang augmente dans la main après un travail intellectuel (voir chap. v). Si cette augmentation de la pression du sang dure pendant la journée entière et existe aussi bien pour les vaisseaux sanguins qui entourent les reins, il en résulterait une augmentation de la quantité totale de l’urine, comme le montrent les expériences de physiologie faites sur des animaux. Mais hâtons-nous de dire que rien ne nous permet d’affirmer que la pression du sang dans l’artère rénale augmente en même temps que la pression dans les vaisseaux sanguins de la main.

La plupart des auteurs ont, de plus, observé que sous l’influence d’un travail intellectuel la composition des phosphates de l’urine change ; il semble que les phosphates alcalins diminuent de quantité, tandis que les phosphates terreux ne varient pas ou augmentent un peu.

Les recherches précédentes n’épuisent guère la question de l’influence produite par un travail intellectuel sur la composition de l’urine ; il faut poursuivre des expériences sur cette question[2] et chercher à discuter les résultats avec plus de soin qu’on ne l’a fait jusqu’ici. Ces expériences ne

  1. Ces différences individuelles ont été constatées par Stcherbak. Arch. de médec. expérim., 1893.
  2. L’un de nous (V. Henri) poursuit en ce moment des recherches en ce sens.