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on ne peut pas encore donner de réponse précise à ces différentes questions, on peut dès maintenant indiquer des méthodes d’étude qui permettront un jour d’arriver à des résultats pratiques d’une grande importance. Il faut poursuivre ces recherches, et pour pouvoir le faire il faut absolument que ces recherches soient encouragées par l’administration ; des personnes compétentes doivent avoir l’autorisation de faire dans les écoles des expériences inoffensives sur les élèves. Ces expériences sont faciles à faire, elles ne prennent pas beaucoup de temps et ne peuvent par conséquent pas amener de dérangements dans les classes.

Comment étudier l’influence produite par le travail intellectuel sur les échanges nutritifs ? La question est très compliquée ; il est en effet difficile de déterminer la quantité et la qualité de la nourriture qui convient le mieux à un individu donné après un travail intellectuel ou après un repos : il est impossible de se fier à l’appétit, puisqu’il varie beaucoup suivant les circonstances et que le moindre effort de volonté, la connaissance seule que l’on est en expérience, suffisent pour modifier l’appétit d’un individu. D’autre part, une nourriture insuffisante ou trop forte ne se fait sentir le plus souvent qu’après un intervalle prolongé.

Il semblerait donc que l’on devrait renoncer à étudier expérimentalement l’influence produite par le travail intellectuel sur la nutrition chez des individus isolés.

Ce serait une conclusion erronée, puisque nous sommes en réalité en possession de deux procédés qui permettent d’étudier l’influence cherchée. Si l’on ne peut pas, par suite des complications et des variations fortuites, étudier la quantité de nourriture qui convient le mieux après un travail intellectuel et après un repos chez un individu pris isolément, on peut faire cette détermination chez un groupe d’individus qui se trouvent dans des conditions égales, qui mènent la même vie, qui travaillent et se reposent aux