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le docteur Maggiora n’en fait plus que douze après les examens. La fatigue n’est donc pas simplement centrale, elle a gagné les nerfs moteurs et les muscles. Ajoutons à cette description une remarque qui a, semble-t-il, échappé à Mosso. Nous ne trouvons pas dans la figure 71 la surexcitation courte qu’on pouvait observer, dans la figure 70, après le surmenage ; le deuxième tracé de la figure 71 est dans toutes ses parties moins haut que le premier tracé de la même figure. Ceci donnerait à penser — si le fait était constant, ce qui est à voir — que la surexcitation de l’effort momentané, après le travail cérébral, dépend des centres moteurs du système nerveux et n’appartient pas aux muscles.

En rapportant les observations précédentes, Mosso dit que les recherches analogues faites sur lui-même ne donnèrent pas des résultats aussi évidents que chez Maggiora, bien que chez lui aussi on vît une diminution de la force après les examens. Il est cependant regrettable que Mosso n’ait pas reproduit ses propres tracés. Il nous semble que ce qu’il importe de connaître, ce ne sont pas des résultats exceptionnellement brillants, mais des résultats moyens, qui s’appliquent à la grande majorité des individus.

Dans les tracés de Maggiora nous voyons que c’est surtout le nombre des soulèvements du poids qui est modifié, la hauteur des premiers soulèvements est même augmentée. Cette observation se trouve en rapport avec une hypothèse intéressante qui a été développée par Kræpelin et Hoch[1] dans un travail récent ; ces auteurs déduisent d’un certain nombre d’expériences qu’en lisant le tracé ergographique il faut séparer le nombre de soulèvements du poids et la somme des hauteurs de soulèvement, car il y a des causes qui influent sur le nombre sans modifier la somme des hauteurs, et il y a d’autres causes qui influent sur la somme des hauteurs de soulèvement sans produire

  1. Hoch et Kræpelin. Uber die Wirkung der Theebestandtheile auf körperliche und geistige Arbeit (Psychologische Arbeiten, 1, 1895.)