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entre les premières pressions, on aurait cru pouvoir en conclure que c’étaient ces facteurs qui avaient déterminé une augmentation de force musculaire, et c’eût été une erreur.

Il est évident que pour voir clair dans ces questions, on doit commencer par déterminer, au moyen d’expériences nombreuses, la courbe typique de développement de la force musculaire pendant une série de pressions, et on n’arrive à cette courbe qu’après avoir supprimé les effets de l’exercice et aussi de l’émotivité. Voici à peu près comment on devrait procéder. Il faudrait d’abord, première condition, opérer sur de grands nombres, au moins sur 100 sujets, car un fait n’est vrai que s’il se répète sur beaucoup d’individus. On prendrait à part chacun de ces 100 sujets, et on leur ferait donner vingt pressions espacées par trois à cinq minutes de repos. Quelques jours après, on reprendrait l’expérience ; on dresserait la courbe de la deuxième journée, on la comparerait à celle de la première journée. On laisserait passer encore plusieurs jours, on reprendrait ensuite l’expérience, on dresserait la troisième courbe. Enfin, dans une quatrième séance, on introduirait une variante, on intercalerait du calcul mental entre chaque pression ; puis on tracerait encore une fois la courbe de la force musculaire. On aurait ainsi recueilli quatre courbes ; il resterait à les comparer, pour savoir si elles diffèrent et si la différence produite par le travail intellectuel est de même nature et de même degré que les variations des courbes normales, sans travail intellectuel, prises dans des conditions identiques. C’est une recherche que nous nous proposons de faire.

Travail intellectuel prolongé. — Nous pouvons renouveler ici les objections que nous venons de formuler plus haut. Il n’existe point de recherches méthodiques sur les effets du travail intellectuel prolongé sur la force musculaire. Nous ne possédons encore que des observations