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reste momentanée ; elle cesse en général quelques minutes après la cessation de l’excitation provoquée. Ces expériences… montrent que l’exercice momentané de l’intelligence provoque une exagération momentanée de l’énergie des mouvements volontaires. »

Cette intéressante conclusion devrait engager les auteurs à reprendre en détail l’étude de la question.

Il semble que rien n’est plus simple que de savoir si une influence quelconque augmente ou diminue la force musculaire : on fait presser le dynamomètre, puis on fait agir l’excitation, puis on fait presser de nouveau le dynamomètre. Sans doute, ce procédé expéditif est suffisant pour les cas où l’excitation produit une augmentation énorme de la force musculaire ; mais l’augmentation énorme ne se manifeste guère que chez les hystériques, qui à la première épreuve n’ont pas donné leur maximum de force. Chez le sujet normal, il est bien rare de provoquer, par quelque moyen que ce soit, des augmentations de force musculaire égales à 30 kilogrammes. Nous n’en connaissons pas d’exemple. Le plus souvent, ce sont des modifications légères et difficiles à observer parce qu’elles ne sortent guère des limites des causes d’erreur. Voici par exemple une de ces causes d’erreur, qu’il est utile de signaler. Dernièrement, nous avons fait avec M. Vaschide des explorations dynamométriques sur 42 jeunes gens de seize à dix-huit ans, élèves-maîtres dans une école normale d’instituteurs. Chacun d’eux a pressé vingt fois le dynamomètre, dix fois de chaque main, les deux mains alternant ; c’était pour la première fois qu’ils se servaient de l’instrument. Nous avons fait la moyenne de chaque épreuve et obtenu ainsi une courbe représentant le développement de la force musculaire pendant cette expérience de vingt pressions. Or, nous voyons que pour la main droite la première partie de la courbe est en ascension, ce qui veut dire que les premières pressions vont en augmentant. Si on avait intercalé un travail intellectuel ou une excitation des sens