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NN’; sur celles-ci glisse un curseur métallique ORPQ, qui porte la plume pour inscrire les mouvements du doigt. Le curseur est relié par des crochets à deux cordes ; l’une S est attachée au médius ; l’autre T, après s’être réfléchie sur une poulie, se termine par le poids à soulever.

Le poids qu’on attache est de 2, 3 ou 5 kilogrammes. On comprend tout de suite que le doigt, en se fléchissant, tire sur la corde et soulève le poids, et que le curseur qui se trouve sur le trajet est déplacé sur les tringles de cuivre ; la longueur de son parcours est égale à la longueur de l’ascension du poids ; par conséquent, si on connaît le poids soulevé et si, d’autre part, on mesure le chemin parcouru, on peut évaluer en kilogrammètres le travail mécanique exécuté par le doigt en se fléchissant.

Le curseur écrit son déplacement sur un cylindre tournant très lentement ; la longueur des lignes des tracés est égale à la longueur de l’ascension du poids. On fait l’expérience en suivant les battements d’un métronome réglé pour battre un coup chaque deux secondes. On fléchit le doigt chaque deux secondes en soulevant le poids, puis on le laisse retomber ; les tracés successifs s’inscrivent en lignes droites les uns à côté des autres sur le cylindre qui tourne très lentement. On continue à soulever le poids jusqu’à ce qu’on soit immobilisé par la fatigue, ce qui arrive plus ou moins vite suivant les individus.

Nous donnons deux tracés, pris, l’un sur une femme, l’autre sur un homme, tous deux jeunes gens de vingt-quatre ans ; on voit qu’à mesure que les flexions se répètent, le poids est soulevé à une hauteur moindre ; la fatigue qui succède à des efforts intenses produit une incapacité de faire des flexions vigoureuses. Les deux personnes se sont fatiguées d’une manière différente : chez l’une, la fatigue s’est fait sentir presque dès le début, mais elle a été légère ; chez l’autre, la fatigue a été plus tardive et aussi plus brusque. Mosso a donné à ces courbes les noms de courbe de fatigue ou de courbe d’épuisement. Il assure