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La composition des gaz est différente la nuit et le jour ; ainsi, d’après Pettenkofer et Voit, pendant un jour durant de 6 heures du matin à 6 heures du soir, un homme de vingt-huit ans et de 60 kilogrammes de poids a absorbé 234gr,6 d’oxygène et dégagé 532gr,9 d’acide carbonique ; pendant ce jour il n’a presque pas travaillé ; la nuit suivante, de 6 heures du soir à 6 heures du matin, il a absorbé 474gr,3 d’oxygène et a dégagé 378gr,6 d’acide carbonique.

Un autre jour, le même individu, en travaillant physiquement beaucoup pendant la journée, a absorbé 294gr,8 d’oxygène et dégagé 884gr,6 d’acide carbonique ; la nuit qui suivit ce jour, il a absorbé 659gr,7 d’oxygène et dégagé 391gr,6 d’acide carbonique.

On voit donc que le travail fait pendant le jour retentit non seulement sur la composition des gaz expirés pendant le jour, mais aussi sur ceux expirés pendant la nuit qui suit ce jour. C’est un résultat très important qui indique que l’état de repos après un travail n’est nullement identique à l’état de repos après une journée de repos. Il faudrait faire des expériences dans ce sens en cherchant l’influence produite par le travail intellectuel.

Quelques expériences partielles ont été faites pour déterminer l’influence d’un travail intellectuel sur la composition des gaz expirés. Liebermeister[1] a fait des expériences sur un médecin de quarante-deux ans, ayant 177 centimètres de taille, qui avait la faculté de pouvoir s’endormir à volonté à toutes les heures du jour ; les expériences étaient faites de 4 à 8 heures de l’après-midi, à deux jours différents.

Nous donnons dans le tableau suivant les occupations du sujet et la quantité d’acide carbonique expiré pendant ces occupations ; enfin dans la dernière colonne se trouvent la proportion d’acide carbonique expiré rapportée à une demi-heure :

  1. Handbuch der Pathologie und Therapie des Fiebers. 1872.