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Ces effets sont connus ; ce qui l’est beaucoup moins, ce sont les ralentissements de la respiration pendant des efforts physiques locaux et violents.

Nous avons dit plus haut qu’une personne qui fait un violent effort ralentit son cœur ; il en est de même pour la respiration. Seulement le ralentissement respiratoire est plus difficile à observer que le ralentissement du cœur, parce que chez beaucoup d’individus chaque effort musculaire s’accompagne d’une inspiration, et que si les efforts musculaires se répètent souvent, ils produisent indirectement une accélération de la respiration.

Le travail psychique ne produit pas, cela va sans dire, des effets aussi accentués que le travail physique. On n’a étudié jusqu’ici que deux formes du travail psychique : l’une consiste dans le calcul mental court, durant quelques minutes, l’autre est la fixation de l’attention sur un stimulus extérieur.

Le calcul mental produit une accélération de la respiration, il provoque environ deux à quatre respirations supplémentaires par minute. L’accélération la plus forte que nous ayons observée dans une série d’expériences a été de 4,5. On peut se rendre compte des résultats en jetant les yeux sur le tableau suivant ; parmi les sujets ayant servi à nos expériences, il en est un qui est remarquable par la lenteur de ses mouvements respiratoires. Lorsque le calcul mental est terminé, la respiration reprend sa vitesse normale, parfois elle présente un léger ralentissement ; un ou deux actes respiratoires sont plus prolongés que les autres, et souvent le sujet fait une respiration profonde. Ce ralentissement respiratoire est à rapprocher du ralentissement du cœur, qui se manifeste aussi dans les mêmes conditions.