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été traitées avec tous les développement nécessaires, par Tissot d’abord, puis par Réveillé-Parise et beaucoup d’autres auteurs. Nous nous mettons ici au point de vue de la pédagogie ; nous examinons la fatigue chez les enfants et les jeunes gens, la fatigue qui se produit à l’école et qui résulte des travaux intellectuels imposés aux élèves par les programmes d’enseignement et d’examen. Même après avoir reçu cette limitation, le problème reste encore très vaste, et c’est un des plus importants qu’on puisse se poser, car une foule d’autres problèmes scolaires en dépendent ; par exemple l’étendue des programmes d’enseignement et d’examen, la limite d’âge pour les admissions à certaines écoles et à certains examens, la réglementation du travail dans les écoles et les lycées, la distribution des heures de classe, de récréation, de gymnastique et de sommeil.

Le point de savoir si, dans un cas donné, les enfants et jeunes gens éprouvent de la fatigue après la classe du soir ou après les examens, et si cette fatigue est insignifiante ou si elle est assez forte, ou trop forte et par conséquent dangereuse, tout cela est une question de fait, et doit être résolu par la méthode expérimentale. Le seul moyen de se rendre compte de la fatigue des élèves est d’aller dans les écoles pour voir les élèves et les soumettre à des épreuves capables de déceler la fatigue mentale et d’en mesurer le degré. Il nous semble qu’en avançant cette proposition, nous formulons une simple vérité de bon sens, une vérité si évidente que toute personne doit l’admettre.

Examinons comment l’Académie de médecine envisagea la question. Elle en avait été saisie, avons-nous dit, par l’opinion publique ; un cri d’alarme avait été poussé par la presse scientifique et autre ; on accusait l’école et les nouveaux programmes de provoquer chez les enfants le « surmenage intellectuel », mot emprunté à la médecine vétérinaire, et qui, appliqué aux élèves des écoles, signifiait une fatigue très grave, une fatigue vraiment pathologique, pré-