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Un calcul mental difficile élève la pression de 20 millimètres de mercure ; un travail physique l’élève de 30 millimètres. Voilà à quoi se réduisent nos connaissances actuelles.

Il y aurait lieu de faire des expériences sur le travail intellectuel prolongé, pour voir si la fatigue mentale s’exprime bien dans les changements de pression du sang. Ces recherches pourraient être faites facilement dans les écoles ; quelques essais préliminaires nous l’ont montré.

Par quel mécanisme le travail intellectuel court et intense produit-il une augmentation de la pression du sang dans les mains ? C’est une question qui n’a pas encore été posée ; on ne peut faire encore que des hypothèses. Deux causes principales modifient la pression : l’action cardiotonique du cœur et le resserrement des vaisseaux. Dans le travail intellectuel court et intense, nous constatons qu’il se produit une constriction des vaisseaux périphériques, spécialement dans la main ; et cette action est capable de relever la pression ; seulement, c’est une action qui est généralement courte ; elle se produit surtout au début du travail intellectuel, et elle cesse quand le travail intellectuel dure encore. On ne peut donc pas attribuer un rôle unique à la vaso-constriction, puisqu’elle disparaît à un moment où la pression sanguine continue à être augmentée ; il est vrai qu’on ignore quel est l’état des vaisseaux dans les organes profonds. Rappelons enfin qu’une de nos figures a montré un parallélisme très frappant entre la vaso-constriction d’une main et l’augmentation de pression de l’autre main, dans une expérience très courte de travail intellectuel. D’autre part, nous savons que le cœur s’accélère pendant l’effort mental, mais comme nous ignorons si cette accélération est accompagnée d’une augmentation dans la force de contraction, nous ne pouvons pas dire encore quelle est la part du cœur dans l’augmentation de pression.