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changement. Nous savons en outre, par nos recherches indiquées plus haut, que le travail intellectuel augmente temporairement la pression du sang chez ce sujet. L’effet du travail intellectuel est donc, à ce point de vue, analogue à celui du travail musculaire ; il réduit la taille de la pulsation et augmente la pression. Cette analogie nous permet de prévoir ce qui se produira si on enregistre le pouls capillaire du travail intellectuel avec une contre-pression faible ou une contre-pression forte, chez M. V… Pour bien nous rendre compte de ces résultats, sept fois de suite nous avons invité M. V… à faire un calcul mental, les doigts étant soumis à une pression constante, et chaque fois la pression choisie a été différente ; le pouls capillaire, ce jour-là, avait peu d’amplitude, mais il n’importe. Examinons les tracés (fig. 50).

Avec une pression constante de 40 millimètres, il ne se produit, par le fait du travail intellectuel, aucune modification ; avec une pression de 60, même résultat négatif ; avec une pression de 70 millimètres il y a une légère augmentation de la pulsation ; à 80 millimètres, il y a aussi une légère augmentation, non mesurable, mais visible à l’œil ; à 100 et à 120, l’augmentation est tout à fait nette, elle est du simple au double ; à 140, toute pulsation est supprimée.

Nous pouvons interpréter ces résultats de la manière suivante : chez ce sujet, le calcul mental, pendant cette expérience particulière, n’a amené aucun changement d’amplitude du pouls ; aussi, quand on a fait fonctionner le sphygmomanomètre avec une contre-pression faible — condition où il fonctionne comme un pléthysmographe — le calcul mental n’a produit aucun effet visible sur le tracé ; mais, avec des contre-pressions très fortes, l’instrument est devenu un manomètre, et il a indiqué qu’il se produisait un changement de pression. En somme, les tracés pris avec une contre-pression de 120 confirment complètement ceux qui ont été pris avec une pression graduellement