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LE MAGNÉTISME ANIMAL

Les magnétiseurs s’emparèrent du fait, et nous allons voir que, pendant longtemps, il ne sera question que de transposition des sens.

Avant 1820, on ne trouve guère à citer, dans l’histoire du magnétisme, que l’ouvrage du naturaliste Deleuze, intitulé : Histoire critique du magnétisme animal (1813). Ce livre indigeste, dont on a fait beaucoup trop de cas, témoigne seulement de la sincérité et de l’honnêteté de son auteur, mais il n’ajoute rien au bilan du magnétisme.

Deleuze se préoccupe surtout, comme ses devanciers, des vertus curatives du magnétisme et pour en prouver la réalité, il ne trouve rien de mieux que de conseiller aux incrédules de l’essayer sur les divers malades. D’ailleurs, pour réussir, il faut, dit-il, avoir la foi, ce qui dispense d’une démonstration en règle. Le magnétisme convient à toutes les maladies ; il constitue toujours, comme du temps de Puységur et de Mesmer, la panacée universelle.

Vers la même époque, en 1813, un thaumaturge venu des Indes, Faria, donna des représentations publiques et payantes pour montrer les prodiges qu’on peut opérer avec le magnétisme. Il usait, pour provoquer je sommeil, d’un procédé curieux. faisait asseoir le sujet dans un fauteuil, les yeux fermés, puis il criait d’une voix forte et impérieuse : « Dormez ! » Le sujet après une légère secousse tombait parfois dans l’état que Faria appelait sommeil lucide. Ce charlatan avait bien vu que la cause du somnambulisme réside dans le sujet lui-même. On peut endormir, disait-il avec raison, en ayant la volonté d’endormir, ou sans cette volonté, ou avec une volonté contraire.