qui, au réveil, ne garde aucun souvenir de ce qui s’est passé pendant le sommeil. Nous verrons que cette inconscience est un phénomène fréquent, et presque constant pendant le grand hypnotisme. Enfin, on notera dans les descriptions la présence manifeste de cette singulière affinité, dont le sujet paraît être doué pour le magnétiseur ; phénomène qui se traduit par quelques effets assez curieux : aucune autre personne que le magnétiseur ne peut toucher le sujet endormi, sous peine de lui donner des angoisses et même des convulsions. Tout cela est exact, scientifiquement établi et reconnu aujourd’hui de tout le monde. Ce qui ne l’est pas encore, c’est la faculté de deviner la pensée du magnétiseur, sans aucune communication matérielle, c’est la connaissance des maladies (le malade voit son mal), c’est l’indication des remèdes utiles, c’est la prévision de l’avenir, que Puységur croyait rendre vraisemblable en l’appelant pressentation.
La doctrine de Mesmer avait été frappée de réprobation par le jugement des corps savants. Ce ne furent pas les expériences de Puységur qui la relevèrent, car le surnaturel y tenait une trop grande place. Les magnétiseurs de profession s’emparèrent de ces expériences dont ils firent le thème de leurs élucubrations. On comprend d'ailleurs le succès qu’eut la prétendue lucidité des somnambules. Puységur avait trouvé une forme nouvelle pour ce don de divination auquel l’humanité a toujours cru. De nombreuses sociétés magnétiques se fondèrent sur presque tous les points de la France, et principalement, dit Thouret, dans les villes qui ne possédaient point d’université, et où le contrôle était moins facile. Cependant la Société de l’Harmonie, fondée à Strasbourg, comptait plus de 150 membres.
Disons un mot, en passant, des cataleptiques de Pététin, qui paraît avoir eu le bonheur d’observer le premier ou un des premiers les phénomènes de transposition des sens. Pététin était un médecin de Lyon, président perpétuel de la Société de médecine de Lyon, ennemi des nouvelles doctrines magnétiques ; il observa et montra à ses collègues une femme cataleptique qui voyait, entendait, sentait, goûtait et odorait par le creux épigastrique et le bout des doigts. Ceci se passait en 1787. Il parut, après la mort de Pététin, un mémoire de lui, qui contenait sept observations du même genre. Il expliquait ces phénomènes étranges par l’accumulation du fluide électrique animal dans certaines parties du corps.