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mélanges.

néanmoins pas parues suffisantes pour trancher la question, et nos investigations se sont portées d’un autre côté.

L’absence des produits coréens du commerce de haute curiosité était une présomption, rien de plus. N’était-il pas possible de supposer une fabrication jadis florissante, aujourd’hui éteinte, qui expliquait parfaitement la rareté des produits ? Nous nous sommes fait ce raisonnement : si la porcelaine de Corée a eu des qualités exceptionnelles ; si réellement elle a eu une influence quelconque sur la fabrication céramique de la Chine, il est bien présumable qu’à partir du moment où la Corée est tombée sous le joug de la Chine, nous verrons ses produits céramiques figurer parmi les tributs offerts annuellement à sa suzeraine, et nous nous sommes mis à compulser les documents. Dans l’Histoire de l’église de Corée[1], il est fait mention de deux traités, l’un fait en 1615 entre le Japon et la Corée, l’autre en 1637 entre la Corée et les Mantchoux. On y parle de tributs consistant en or, argent, étoffes et riz ; il n’y est point fait mention de porcelaine.

Nous avons voulu remonter plus haut et consulter des documents d’une authenticité incontestable. Le Wen-hien Tong-kao[2] donne la liste des pays tributaires de la Chine et l’énumération des objets offerts en tribut : c’est cette source précieuse que nous avons mise à contribution.

Nous avons trouvé mentionné le tribut payé par la Corée à la Chine, dans les 18ème et 20ème années du règne de Che-Tsou, de la dynastie des Yuan, correspondant aux années 1278 et 1280 de notre ère.

On y parle de cotonnade, de soie et de feutre, mais nulle mention n’y est faite de porcelaine ! Le même ouvrage donne la liste des objets imposés aux pays tributaires comme redevance à

  1. Par Ch. Dallet, 2 vol. in-8o. Palmé, 1874.
  2. Par Ma Touan-lin, traduit par le marquis d’Hervey de St. Denys.