Page:Billardon - Parnasse des dames - tome 3.pdf/37

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
28
Marie

 » N’abandonnez-vous pas pour un rien votre corps,
» Qui eſt cauſe ſouvent de tant de mille morts ?
» Ah ! qui voudroit de vous un gros volume écrire,
» Il trouveroit aſſez de ſujet à médire…
Pauvres gens inſenſés, ô ſerfs de nos appas !
Ah, ce n’eſt pas ainſi, non ainſi ce n’eſt pas.

Elle s’étend longuement ſur la manière dont les hommes viennent à bout de ſéduire les poures femmes. Elle ajoute :

Oncques je n’ai trouvé dans toutes les Hiſtoires,
Ni dans les vieux écrits d’anciennes mémoires,
Qu’une femme ſe ſoit donnée volontiers
À nul homme vivant.

Après cette vérité inconteſtable, elle fait l’énumération des femmes immortaliſées par leurs Vers, comme Sapho, Corinne, de Gambara, Armil, Angoſiole. Et elle paſſe aux Françoiſes célèbres qui vi voient encore. Les voici :

Viens donc, Sœur des neuf Sœurs, ô nouvelle Charite,
Ma Comteſſe de Retz, viens, que tu ſois écrite
La première en mes Vers : le Grec t’eſt familier,
De ta bouche reſſort un parler ſingulier,
Qui contente les Rois & leur Cour magnifique ;
Le Latin t’eſt connu & la Langue Italique,
Mais par ſurtout encor le François te connoît
Pour ſon enfant, t’avoue, honore, & te reçoit.