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qu’au matin, augmenté par les cris de pauvres enfants de tout âge, demandant du pain à leurs malheureux parents réduits, peut-être depuis plusieurs jours, à ne vivre que de légumes, de racines crues, faute d’ustensiles de cuisine où les faire cuire, plus souvent de fruits à cidre recueillis dans les champs ou les vergers : combien de fois n’ai-je pas partagé cet ordinaire ! À notre approche, l’ennemi détruisait ce qu’il ne pouvait emporter, suivant les cruelles lois de la guerre, de sorte qu’il ne restait à ceux qui suivaient, que ce qui lui était échappé. Que l’on juge des ressources de l’arrière-garde et des malheureux traînards ! La déplorable retraite de Moscou, si malheureusement célèbre dans les annales de l’empire, n’a été que la seconde représentation de la situation affreuse de cette armée, sous le rapport de l’existence ; plus tard, elle en sera l’image frappante, sous celui du découragement, de la désorganisation, de la frayeur, etc., etc.

Pauvre de Blacas ! tuteur du débonnaire Louis XVIII ; et vous, grands du jour ! qui ravalez si dédaigneusement ces victimes de leur foi et de leur héroïque constance, où étiez-vous dans ces jours de douleur et d’agonie quotidienne ? — Que n’étiez-vous dans cet affreux moment, premiers acteurs sur la scène tragique ! Vous sauriez mieux juger le dévouement des insurgés contre la république.