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avec quelques cavaliers, rétrogradèrent sur Ernée : c’était une fausse alerte.

En revenant à l’armée, nous couchâmes à la Pélerine, petit bourg limitrophe du Bas-Maine et de la Bretagne. Le hasard me fit loger dans le presbytère, encombré de malades, de blessés, de vieillards, de femmes et d’enfants de tout âge et de toutes conditions, sans pain et sans vêtements. Ces infortunées victimes, réfugiées dans tous les coins de cette maison, les unes couchées par terre, à défaut de lit, les autres assises sur leurs sabots (faute de chaises ou de bancs), trop heureuses d’en avoir, ne cessèrent, toute la nuit, de pleurer, de gémir et de se questionner mutuellement sur le sort de ceux qui les intéressaient. « Ne pourriez-vous me donner des nouvelles de mon mari, de ma femme, de mon fils, de ma fille ? etc., etc., » demandait un moribond. « Savez-vous ce que sont devenus mon père, ma mère, mon frère, ma sœur ? » demandaient d’autres, regardant leur fin prochaine comme un bienfait de la Providence. — Votre mari, blessé à telle affaire, tombé au pouvoir de l’ennemi, a été massacré à tel endroit ; votre père a fini dans tel lieu ; votre femme, votre fils, votre fille, surpris à ont été égorgés après les outrages ordinaires, répondaient d’autres. Enfin ce ne fut qu’un dialogue déchirant jus-