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Nounlegos

Roman par R. Bigot


Plus que jamais, au lendemain de la guerre, nous avons besoin de récits, qui émeuvent fortement la sensibilité. Quoi de plus passionnant en ce genre que l’emploi de ce merveilleux scientifique où des hypothèses — qui seront peut-être la réalité de demain — apportent à la justice le moyen de démasquer les grands criminels ? Le roman dont nous commençons aujourd’hui la publication répond de la plus heureuse manière à ce désir du public. Qu’est-ce que Nounlegos ? Jusqu’où peut aller le fabuleux pouvoir que lui prête l’auteur ? C’est le mystère de ce drame poignant qui, jusqu’à la dernière page, tient le lecteur en haleine.


PREMIÈRE PARTIE


Nounlegos. C’est ce nom, écrit au crayon sur un papier de salle d’attente, que lisait M. de Landré, juge d’instruction près du parquet de la Seine, en jetant un coup d’œil sur sa table, alors qu’il remettait son chapeau et ses gants au garçon de bureau.

Prévenant la question, le garçon expliquait :

« C’est un vieux monsieur qui demande à parler à monsieur le juge d’instruction, au sujet de l’affaire Charfland ; il se refuse à toute autre explication. Engagé à demander une audience par écrit en exposant le motif, il a répondu : « Je viens proposer une aide pour la découverte de la vérité ; je ne sollicite rien ; je fais une démarche ; je ne la renouvellerai pas. »

« Que dois-je faire, monsieur le juge ?

— Laissez-moi un instant, je vous rappellerai. »

Et M. de Landré, songeur, tenant dans une main le carré de papier où le nom de Nounlegos se détachait en grands caractères irréguliers, mais nettement tracés, s’assit en le contemplant.

Combien de fois avait-il été dérangé par des importuns affirmant avoir des renseignements de la plus haute importance relatifs à telles ou telles affaires et qui, finalement, lui faisaient perdre du temps sans intérêt pour les causes ! C’est cela qui l’avait conduit à ne donner audience — sauf cas exceptionnel — qu’après demande écrite.

Mais cette fois, quelque peu initié de par sa profession aux soi-disant mystères de la graphologie, il examinait attentivement ces