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Le Fer qui meurt

triques, les trains devenant la proie des flammes.

Pendant toute une demi-journée, le Président du Conseil, le généralissime et le lieutenant Jacques étaient en conférence.

Dans les grandes gares, surtout, l’accumulation du matériel soumis à cette extraordinaire décomposition amenait presque à coup sûr l’incendie dévastateur.

Les ponts métalliques, gagnés par l’épidémie, s’effondraient bruyamment.

Aux stations-magasins des Armées, l’amoncellement de munitions, de canons, offrait un champ magnifique pour l’extension de la « maladie moléculaire » qui répandait ses ravages, réduisant à néant les résultats des efforts de l’industrie boche.

Près du front, les gares des divers parcs du génie, de l’artillerie sont naturellement atteintes ; dans les dépôts de munitions, l’enveloppe des obus s’effrite sous l’œil effaré du personnel qui s’enfuit affolé dans toutes les directions, bien souvent avec raison, car des incendies, se produisant là comme ailleurs, amènent par endroits des explosions formidables ; celles-ci gagnent d’amas en amas les projectiles et cartouches de tout calibre, les grenades, les fusées, les récipients à liquides incendiaires, les réservoirs à gaz, formant de gigantesques feux d’artifices dont ne peuvent se faire idée ceux-là même qui ont pu contempler les effets des plus importantes destructions réalisées au cours de la guerre.

La contagion se poursuit ; elle est telle qu’un simple contact momentané entre une pièce atteinte du mal mystérieux et une pièce saine contamine celle-ci qui devient, à son tour, susceptible de transmettre le fléau. Bien des incidents bizarres en sont la résultante.

Des projectiles déchargés d’un wagonnet au moment où l’onde fatale est parvenue à lui, vont porter le germe inexorable dans les dépôts de munitions des batteries où ils sont remisés ; si ces projectiles sont employés de suite, c’est aux canons qu’ils communiquent la décomposition encore latente chez eux dans ce cas, bien rares les pièces qui résistent au premier départ au second, le tube, sous la pression des gaz, éclate avec fracas.

Dans l’intérieur, les gares ne sont pas seules atteintes, les raccordements industriels sont une voie de pénétration facile par