LA BELLE MAGUELONNE.
amenassent le chevalier vif, car il en vouloit faire celle justice que par tout le monde en seroit parlé et que aux autres seroit exemple.
Quant les chevaliers ouirent les commandemens du
5 roy ils se armèrent tous et s'en allèrent diviser. Les uns s'en allèrent d'une part et les autres d'autre pour le chercher. Le roy et *la royne demourerent moult désolés et toute la court troublée et especiale- ment la royne qui se cuidoit désespérer, tant fort
10 pleuroit et crioit.
Le roy manda quérir la nourrice et luy dit: „I1 ne peut estre que tu ne saches tout cestuy fait". Et la povre nourrice a deux genoux plouroit et dit: „ Seigneur, si vostre seigneurie peut trouver que j'en
15 soie en nulle manière coupable de ce fait, je suis contente de mourir a la plus cruelle mort que vostre court saura deviser, car incontinent que je m'en suis pris garde je l'ay dit a la royne".
Et le roy tout dolent s'en entra en sa chambre
20 et de tout celuy jour ne but et ne mangea. Grant
pitié estoit aussi a voir la royne et la douleur qu'elle
menoit et les autres dames et damoiselles et tous
ceux de l'ostel du roy et par toute la cité de Naples.
Les chevaliers allèrent chercher d'un costé et
25 d'autre, partout ou ils pouvoient penser qu'ils en eussent nouvelles, mais jamais n'en trouvoient en- seignes. Et les uns retournoient au bout de dix
��f. 143
�� �