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LA BELLE MAGUELONNE.

Et lors la nourrice dit : „Ma belle dame et ma chère fille, croyez que au monde ne me sauriez demander chose que je ne la fisse et deusse je mourir. Pour- quoy * dites moy vostre courage et ne doubtez de rien."

Et lors Maguelonne dit: „J'ay pris si grant o plaisir en la vaillantise et beauté du jeune chevalier qui gagna avanthier les joustes et l'aime tant que je ne puis manger ne dormir. Et si j'estoie seure, qu'il fust de haut lignage j'en feroie mon seigneur et amy, pourquoy je désire fort a savoir son lignage et lo sa condicion."

Et quant la nourrice eut ouy le propos et volenté de la douce Maguelonne fut fort esbahie et luy dit: „Ma chère dame et ma belle fille, qu'est cecy que vous me dites? Vous savez que vous estes de tant 15 haute noblesse descendue que le plus grant seigneur du monde seroit content de vous avoir. Et vous mettez vostre cueur en cestuy jeune chevalier qui est estranger, et vous ne savez qui il est, et que par aventure il ne voudroit de vous si non vostre honte 20 et deshonneur et puis vous laisseroit. Je vous supplie, ma chère dame, que vous ostez ceste mémoire de vostre cueur; car si vostre père savoit vostre volenté trop seroit folle et périlleuse ceste amour. Ayez un peu de patience, car si dieu plaist, ne sera gueres de 25 temps que vostre père ne vous marie hautement a vostre honneur et plaisir."

��*f. 124.

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