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misères et de sa grandeur, de sa force et de sa faiblesse, de sa destination et de ses devoirs, de ce qui est vrai et de ce qui est faux, de ce qui est juste et de ce qui est mal, pour influer sur l’intelligence publique et sur la vie morale du pays.

Nous l’avons dit en commençant ; c’est au point de vue de son action extérieure que nous avons examiné l’état de la philosophie en France, ce n’est pas des études du philosophe, mais de l’emploi de ces études que nous avons voulu parler, nous prions qu’on ne l’oublie pas. Nous demandons aussi qu’on ne nous impute point la pensée de regarder la philosophie seule comme le moyen infaillible de restaurer l’existence spirituelle d’un peuple, de vivifier ses facultés et de purifier ses passions. La philosophie peut de bonne foi se proposer ce but, et inspirer aux esprits le désir de l’atteindre, mais, outre que son influence ne s’exerce jamais que sur des intelligences plus ou moins développées, il est un élément de vie et de succès qui lui manque ; cet élément, c’est le sentiment religieux, ou plutôt l’adhésion à une religion positive, la conviction chrétienne. Le christianisme bien compris sera toujours la plus haute philosophie, la plus saine morale, la plus puissante source d’activité, mais il est de nos jours méconnu, parce qu’il n’est pas désiré, et peut-être est-il permis de penser que l’enseignement philosophique, tel que nous l’avons imparfaitement caractérisé, pourrait devenir, auprès de bon nombre d’intelligences, le précurseur et l’auxiliaire d’une religion qui trouve bientôt accès dans les âmes ouvertes à la vérité et dans les consciences de bonne foi.

Si la philosophie peut détourner de la religion, elle peut aussi nous y conduire ; et l’on a besoin de croire au succès de leur alliance, en un temps où tout conspire à perdre la société si l’on ne sauve pas ses mœurs.