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dans la vie et la saine culture de l’intelligence que réside l’avenir de la nation. D’ailleurs la société ne vivra jamais uniquement, comme la populace romaine, de pain et de spectacles, elle sera toujours plus ou moins pénétrée par l’influence des idées. Dès lors le rôle de la philosophie est marqué dans la civilisation française, et son action pratique doit devenir aux yeux de ceux qui tiennent compte de la nature de l’homme et des circonstances présentes, une impérieuse nécessité.

Il n’y a, pour s’en convaincre, qu’à réfléchir que pour l’homme l’activité est une chose indispensable, et l’erreur une suite inévitable de son activité ; qu’il faut par conséquent une influence propre à régler l’une et à diminuer l’autre. Cette influence a été exercée tour à tour par la force, la foi, la raison ; celle-ci se trouve seule en possession aujourd’hui d’agir sur les intelligences d’un certain ordre ; il faut donc en profiter et imprimer à l’enseignement philosophique, à tous ses degrés et sous toutes ses formes, une direction plus utile et plus pratique que celle où l’a jeté la routine héréditaire. Il y a une grande rénovation à entreprendre à cet égard, et nous croyons que dans ce but il faut conquérir à la philosophie une position élevée, d’où elle puisse appeler les esprits déjà remués ou encore endormis sur le terrain des idées éclairées, applicables et régulatrices. Nous ne pouvons indiquer en détail de quelle manière doit se construire cette révélation de l’homme à lui-même, cette émancipation intellectuelle et morale, cette science de la vie, où se pénètrent intimement la double existence du monde caché qui est en nous, et du monde réel hors de nous, les principes invisibles de l’être moral, intelligent et libre, et les accidens, les variations de la scène sur laquelle se déploie son activité. Seulement nous croyons que la philosophie ainsi conçue peut donner à l’homme assez de connaissance de soi-même, de ses