Page:Bibliothèque universelle de Genève-T6, 1836.djvu/249

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ces principes éternellement justes, quelques-unes de ces vérités éternellement nécessaires, qui sont pour l’existence des peuples et pour leur développement, ce qu’est pour la vie du corps une bienfaisante nourriture. Il nous semble que ce désir doit s’accroître à proportion des pas que fait la civilisation loin des routes du beau, de la vertu, de la grandeur morale et des convictions sérieuses ; ce ne saurait être en vain qu’on ramène sur lui-même, du milieu de ses agitations et de ses incertitudes, l’homme étourdi par tout le fracas du monde ; nous ne saurions croire qu’en s’adressant avec force et avec constance aux élémens de grandeur, aux nobles instincts que recèle toute âme humaine, on ne dût jamais rencontrer que le dégoût et l’insuccès. Cette conviction aurait-elle déserté les cœurs de ceux qui sont capables de lui obéir, faudra-t-il sans résistance abandonner la société à ce courant aveugle et indomptable qui naît au sein de ses passions et l’entraîne on ne sait où ?

Sans doute quelques voix se sont fait entendre, qui ont signalé comme nous et mieux que nous tous ces symptômes de maladie, qui ont averti la société de ses faux pas ou de sa mauvaise route, qui ont mis en avant des principes et des convictions salutaires ; mais ces voix isolées n’ôtent rien à la vérité des plaintes que nous élevons contre ceux qui n’ont pas su occuper un poste où les appelaient les circonstances, le devoir et la philosophie. Ce ne sont pas des protestations fugitives qui influent sur l’esprit d’un peuple, et dirigent sa conduite et ses mœurs ; c’est une action constante, énergique, ce sont des principes, des vérités, des idées proclamés sans relâche, affirmés, démontrés, répétés sous mille faces diverses ; c’est ainsi que procèdent et triomphent les doctrines funestes, pourquoi cette marche