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attention vers les régions élevées de l’intelligence. C’était peu à l’envisager isolément, c’était beaucoup pour un début dans une carrière négligée par les générations précédentes.

Mais les espérances que ce début pouvait faire concevoir étaient prématurées ; aujourd’hui rien ne les justifie, et tout fait craindre qu’elles ne puissent renaître de longtemps. Le domaine philosophique n’est plus exploité que par des charlatans de science ou par quelques penseurs isolés ; là où n’est pas l’indifférence, règne l’absurde, et l’on ne rencontre à côté de la philosophie vulgaire des collèges, que des essais d’amateurs ou des travaux d’érudits. On n’aperçoit plus cette excitation, cette activité qui ralliaient naguère les esprits autour des sciences intellectuelles ; l’influence et la faveur que ces dernières avaient acquises se sont dissipées, et les brillantes clartés que jetaient avant 1830 les études philosophiques, se sont évanouies devant ce qu’on appelle le soleil de juillet. Il nous importe d’envisager ce dernier fait de plus près.

La révolution de 1830 a été une révolution sociale plus encore qu’une révolution politique ; c’est ce que l’on reconnaîtra tous les jours davantage, et ce que déjà l’on peut comprendre en voyant combien les institutions se sont moins transformées que les mœurs. On doit donc penser, vu ce résultat général de la révolution, que son action se sera exercée sur un des élémens principaux, sur une des tendances les plus marquées de la société au milieu de laquelle elle venait opérer de si notables changemens. La philosophie, qui était plus ou moins entrée dans les mœurs publiques, qui avait trouvé chez la jeunesse un accès facile et un favorable accueil, devait nécessairement subir les conséquences d’une révolution qui pénétrait ces mœurs et cette jeunesse. Comment se fait-il que ces conséquences lui aient été funestes ?