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comme aussi leurs progrès peuvent demeurer presque nuls, lors même que l’intérêt philosophique semble conquérir un plus grand nombre d’esprits ; en un mot, pour la philosophie la diffusion n’est pas en rapport avec la profondeur.

Pour embrasser dans son ensemble le titre donné à cet article, nous devrions donc diriger notre examen sur les deux divisions que nous venons d’indiquer ; mais comme elles peuvent être envisagées à part, et qu’elles ont chacune une importance assez différente, nous nous attacherons surtout, dans les pages qui vont suivre, à la partie du développement philosophique que l’on peut nommer populaire, en prenant ce dernier terme dans son acception la plus relevée. La science pure pourra faire l’objet d’un autre examen.

Si l’on se reporte aux années qui ont précédé la dernière révolution de France, on se rappellera qu’alors une ère de succès, de mouvement et de vie paraissait s’ouvrir pour la philosophie : d’un côté les travaux, les essais et les recherches scientifiques de quelques penseurs, semblaient promettre qu’un centre puissant et fécond s’organiserait bientôt pour les sciences intellectuelles, et que l’esprit humain rencontrerait à son tour des interprètes aussi distingués que ceux dont la France a doté, depuis cinquante ans, tout le reste de la création. Alors d’éloquens professeurs, et des écrivains habiles discutaient, au milieu d’une jeunesse attentive, les questions qui se rattachent à la connaissance de l’âme, à l’histoire de la philosophie, aux devoirs des hommes. Un enseignement, sinon bien vaste et bien profond, du moins attrayant et salutaire, semblait préparer la voie à de plus sérieuses méditations, et développer, en se plaçant d’abord à leur niveau, des esprits inhabitués jusque-là à tourner leur