Mlle Maillard a soigneusement noté tout ce que l’architecte de cette façade a pris aux croisillons de Jean de Chelles et de Pierre de Montereau, dont l’influence fut si considérable sur l’histoire de l’art de la fin du XIIIe au XVIe siècle. Les sculpteurs empruntèrent aussi de nombreux motifs et même la composition générale du Jugement dernier et de la Dormition et du Couronnement de la Vierge à Notre-Dame de Paris, mais l’exécution, plus maigre peut-être, très proche de l’art du XIVe siècle, n’a pas la noble simplicité des chefs-d’œuvre du XIIIe siècle. Au tympan de la porte centrale est sculpté le Jugement dernier ; à gauche, le Couronnement de la Vierge ; à droite, l’Histoire de saint Thomas, comme à Notre-Dame de Semur-en-Auxois sur les verrières.
Dans un dernier chapitre, Mlle Maillard donne une description complète et précise des stalles de bois du XIIIe siècle, un des plus anciens et des plus importants ensembles qui soient parvenus jusqu’à nous. Tous les motifs décoratifs, miséricordes des stalles et écoinçons de l’arcature des dossiers, sont reproduits en photographies ou dessins, dus à l’auteur. Un texte ancien des Annales d’Aquitaine rapporte que ces stalles auraient été exécutées au temps de l’évêque Jean de Melun, mort en 1257 ; mais le style des sculptures, le rapprochement des motifs semblables de la façade occidentale font penser qu’à cette époque elles étaient à peine commencées et que l’ensemble n’a dû être achevé que dans la deuxième moitié du XIIIe siècle[1].
Tel est, rapidement résumé, ce travail si important pour l’histoire de la sculpture de la fin du XIIe et du XIIIe siècle en Poitou et au sud de la Loire. Quarante-huit planches et plusieurs dessins, œuvres de l’auteur, viennent encore rehausser l’intérêt de l’ouvrage.
Ce volume est le premier de ceux que M. Porée se propose de consacrer à la description de la ville de Sens. Les travaux antérieurs de l’auteur ont permis de juger de la précision et de la prudence de sa méthode. Son dernier travail n’est pas inférieur aux précédents, si justement estimés. La base de l’étude est le Livre des figures, où le greffier du chapitre archiépiscopal, Claude Laurent, a dessiné les coupes des maisons comprises dans la censive capitulaire et où il a joint des notes et des extraits d’actes établissant la suite des détenteurs successifs des immeubles et
- ↑ Notre confère M. A. Boinet, dans une notice sur les stalles de la cathédrale de Poitiers, parue dans le Congrès archéologique de France, Angoulême, 1912, distinguait deux périodes : les stalles du milieu du XIIIe siècle et les dossiers des premières années du XIVe siècle.
