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plaça au point de vue théologique, considérant Jeanne d’Arc tant comme adonnée à la magie, comme étant en contradiction avec le Symbole des apôtres, comme apostat et soupçonnée d’hérésie ; — Pierre Cauchon, matériel et ambitieux, qui chercha à édifier sa propre fortune grâce à l’éclat d’un procès religieux ; — les chanoines de Rouen bien traités par les Anglais et désirant vivre en paix avec les maîtres du jour ; — le duc de Bedford, qui menant habilement et en sous-main le procès et excusant les universitaires, fait retomber toute la responsabilité sur l’évêque de Beauvais. Cette introduction, où se trouve un très curieux chapitre consacré à la sorcellerie, se termine par des vues très fines et pénétrantes sur la guerre au temps de Jeanne d’Arc, sur l’idée de patrie née de la présence des troupes anglaises sur le sol français, de la misère, de l’oppression résultant des excès de ces soldats et de l’espoir dans le roi, légitime protecteur et justicier de ses sujets. Le procès de condamnation, par les interrogatoires, nous fait connaître Jeanne elle-même mieux que ne saurait le faire le procès de réhabilitation et la partialité des juges a servi la cause de l’héroïne, « fleur rustique de la piété chrétienne, incarnation de la France éternelle, fidélité, espérance, charité et ardent amour ». D’importantes notices biographiques sur les divers personnages mêlés aux procès (notices qui eussent peut-être gagné à être rangées par ordre alphabétique) et une table terminent ce second volume.

En résumé, cette publication, si elle n’apporte rien de nouveau et d’essentiel sur le texte même du procès de condamnation, complète l’édition de Quicherat et fait souhaiter que M. Champion, avec le même soin et la même connaissance du XVe siècle, donne bientôt l’édition du procès de réhabilitation.


Léon Mirot.


Le temple du dieu gaulois Rudiobus à Cassiciate. Identification de cette localité, par Jacques Soyer, archiviste du département du Loiret, membre non résidant du Comité des travaux historiques. Paris, Imprimerie nationale, 1921. In-8o, 16 pages, 2 cartes. (Extrait du Bulletin de la section de géographie, 1920.)


Tous les érudits qui s’intéressent aux antiquités gauloises et gallo-romaines connaissent le trésor découvert, en 1861, sur le territoire de la commune de Neuvy-en-Sullias (Loiret, canton de Jargeau) et conservé à Orléans, au Musée historique de l’Orléanais. La maîtresse pièce de ce trésor est, sans conteste, le cheval de bronze consacré au dieu gaulois Rudiobus. Sur le socle de la statue est gravée une inscription, souvent reproduite, dont un mot, principalement, a fort embarrassé les épigraphistes. C’est le mot Cassiciate, qui se lit à la