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Société de l’Histoire de France le Procès de Jeanne d’Arc, ce classique et magistral ouvrage n’a pas vieilli et demeure un modèle de la publication d’un texte capital de notre histoire nationale ; M. Champion le reconnaît à la première page de son travail, ajoutant qu’il y a peu à ajouter à cet admirable monument. Cependant, il n’a pas hésité à donner une nouvelle édition des textes déjà publiés. Ceux qu’il y a ajoutés, les notes et les renseignements nouveaux qu’il a apportés, l’introduction par lui mise en tête du second volume et, enfin, la rareté de l’édition de Quicherat justifient l’utilité de cette nouvelle publication de la part d’un historien des plus familiers avec le XVe siècle.

Le premier volume contient le texte latin du procès de condamnation, texte rédigé par Thomas de Courcelles, l’un des conseillers du tribunal qui, aidé d’un notaire, Guillaume Monchon, traduisit en latin le texte français de la minute des interrogatoires, compléta les procès-verbaux, le tout sous forme de lettres patentes de Pierre Cauchon, l’évêque de Beauvais, et de Jean Le Maître, dominicain, vice-inquisiteur de la foi. Cinq expéditions authentiques furent faites de ce texte latin, dont trois existent actuellement à Paris, tant à la Bibliothèque nationale qu’à celle de la Chambre des députés. De ces originaux dérivent une quantité de copies ; M. Champion a consacré un minutieux examen à la source française de l’expédition authentique et étudié en détail le ms. d’Urfé (Bibl. nat., ms. lat. 8838), qui contient la version originale mais incomplète du procès. Puis, après avoir établi l’authenticité du texte latin, il le date d’une époque assez tardive, postérieure à 1439, et le considère comme un essai de justification des juges de Rouen. La publication du texte, déjà édité par Quicherat, est accompagnée au bas des pages du texte intégral du manuscrit d’Urfé, incomplètement publié par le premier éditeur. Ce premier volume se termine par la publication de sept actes postérieurs se rapportant au procès de condamnation : 1o information, après l’exécution, sur des paroles prononcées par Jeanne d’Arc au moment de sa mort ; 2o lettres écrites par Henri VI à l’empereur, aux rois, ducs et princes de toute la chrétienté ; 3o lettres écrites par le même roi aux prélats, ducs, comtes, nobles et communautés du royaume de France ; 4o amende honorable faite par Pierre Bosquet, dominicain, qui avait médit des juges ; 5o sentence contre ledit religieux ; 6o copie des lettres de l’Université au pape, à l’empereur et aux cardinaux, et par un index alphabétique.

Le second volume est, en majeure partie, occupé par la traduction française du texte latin. M. Champion a fait précéder cette traduction d’une introduction de 110 pages dans laquelle il étudie le procès en lui-même, au point de vue de sa légalité et de la responsabilité des juges : Université de Paris, dont le rôle fut considérable, et qui se