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Dumas, au point de vue de la valeur de son témoignage, ne nous paraît pas plus solidement justifiée, car si nous connaissons bien les sources de Dumas, nous ignorons complètement celles du moine de Saint-Gall, et il est aussi vain de nier qu’il puisse y avoir une part d’imagination personnelle dans son œuvre, que de vouloir affirmer péremptoirement qu’il n’ait recueilli aucune tradition ni aucune légende populaire.

Enfin, si nous passons à la partie proprement historique du volume de M. Halphen, et si nous examinons son analyse des divers récits du couronnement de Charlemagne, nous avouerons que son explication de la « version de la surprise », qui aurait pris naissance par suite de convenances d’ordre diplomatique, pour ménager la cour de Byzance, nous paraît devoir être considérée comme une simple hypothèse ingénieuse, car elle n’est corroborée par aucune preuve positive ni aucune déduction évidente. L’état de faiblesse de l’empire byzantin au IXe siècle, qui interdisait aux Grecs toute intervention à main armée dans les affaires de l’empire franc, n’expliquerait guère de semblables précautions.

Mais je m’arrête. Tout ce qui suit concerne l’histoire économique. C’est une critique extrêmement vigoureuse, âpre parfois, des théories de MM. von Inama-Sternegg et Dopsch. Il y a là tout un travail de révision des travaux justement appréciés de ces érudits, avec une application nouvelle de leur méthode révisée à l’étude du Polyptyque d’Irminon, concernant le régime de la propriété et de l’exploitation des terres à l’époque carolingienne. Puis, pour finir, un chapitre judicieux sur l’industrie et le commerce dans l’empire carolingien, où l’auteur passe en revue tous les textes réunis par Dopsch. Il montre combien on ferait fausse route, en suivant trop facilement cet historien dans ses commentaires, avec ses généralisations trop faciles et ses tendances à vouloir prouver, coûte que coûte, le grand développement pris au IXe siècle par l’industrie et le commerce, grâce « au génie » de Charlemagne. Rien de moins prouvé, au contraire. Tout cela est bâti sur du sable. Du reste, il faut le reconnaître, nous sommes bien mal renseignés, et rien n’étant plus complexe que des phénomènes économiques, tout ce que l’on peut faire, c’est noter de loin en loin quelques constatations sûres, en évitant de vouloir en tirer trop de conclusions par analogie.

En résumé, excellent effort de discussion et de critique raisonnée, principalement dans la partie relative à l’histoire économique.


Ph. Lauer.


Pierre Champion. Procès de condamnation de Jeanne d’Arc, texte, traduction et notes. Paris, H. Champion. In-8o, 2 vol., XXXII-428 et CX-451 pages.


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