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BIBLIOGRAPHIE


Louis Halphen. Études critiques sur l’histoire de Charlemagne. Paris, F. Alcan, 1921. In-8o, VIII-314 pages.


Cet ouvrage, dédié à la mémoire de Gabriel Monod, renferme des études sur l’histoire carolingienne qui ont toutes paru dans la Revue historique, de 1917 à 1921. Elles se divisent en deux séries : les unes concernent les sources, annales royales, petites annales, Vita Karoli d’Einhard, moine de Saint-Gall ; les autres touchent à des questions d’histoire militaire, politique ou économique. On n’ignore pas avec quelle pénétration d’analyse et quelle ingéniosité de critique ces petits mémoires ont été rédigés, et on saura gré à M. Halphen de les avoir mis plus facilement à la portée de tous, en les réunissant en un volume. Nous n’essaierons pas de le suivre dans les discussions très serrées et souvent épineuses, où il montre le peu de solidité des arguments mis en œuvre et accumulés, souvent sans beaucoup de discernement, par des érudits chez lesquels la science a fini par étouffer le jugement. Il y a là des pages qui sont un véritable réquisitoire contre les méthodes surannées de certains historiens d’outre-Rhin, pour lesquels les documents n’ont qu’une valeur quantitative et nullement qualitative. Toutefois, il est juste de reconnaître, en le regrettant, que la plupart des travaux relatifs à cette période de notre histoire ont précisément paru hors de France, et c’est ce qui explique la nécessité de les réviser, pour les débarrasser de toutes les imperfections inhérentes à leur origine.

Il y a cependant quelques réserves à faire sur certaines conclusions de M. Halphen qui, emporté par la nécessité de réagir contre des erreurs évidentes, pousse parfois, semble-t-il, ses théories à l’extrême. En ce qui concerne, par exemple, les Annales royales, il a pris le contre-pied de ce qui avait été admis jusqu’à présent, et a été ainsi conduit à soutenir que ces Annales, au lieu d’être un amalgame de toutes les « petites annales », comme l’avait admis Gabriel Monod, avaient servi au contraire à composer ces dernières, et il trouve qu’ainsi « tout devient clair ». Mais d’arguments décisifs, il n’en produit pas, et force nous est de reconnaître que, jusqu’à plus ample informé, le doute reste permis. De même, sa comparaison humoristique de l’ouvrage du moine de Saint-Gall avec les « Trois mousquetaires » d’Alexandre