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LE LANGAGE HÉRALDIQUE DANS LE TOURNOIEMENT ANTECHRIST


Le Tournoiement Antechrist a été composé par Huon de Méry, peu après 1234. Le poète raconte comment, étant en Bretagne, dans l’armée du roi Louis qui combattait alors Pierre Mauclerc[1], il voulut visiter la forêt de Brocéliande et que là il fit la rencontre de Bras-de-Fer, chambellan de l’Antéchrist, qui le guida vers une plaine où il vit se dérouler un combat livré par les serviteurs de l’Antéchrist à ceux du Christ.

Du côté de l’Antéchrist étaient les vices personnifiés, avec les diables et les dieux de la mythologie. Du côté du Christ étaient les vertus personnifiées, les anges et les chevaliers de la Table ronde[2]. Force coups furent échangés ; finalement la victoire resta au parti de Dieu.

C’est là une épopée allégorique, une Psychomachie dérivée de celle de Prudence, mais fortement marquée de l’empreinte du moyen âge. Les armes des vertus et celles des vices sont décrites en détail. Les caractères des combattants sont indiqués par des emblèmes figurés sur ces armes, parfois placés au sommet des heaumes, en guise de cimiers, parfois brodés sur des gonfanons, le plus souvent peints sur des boucliers.

Tous ces ornements sont bizarrement formés de figures

  1. Il s’agit de la troisième campagne de saint Louis contre le duc de Bretagne (juillet-novembre 1234).
  2. Sur les rapports du poème avec les romans de la Table ronde, voir M. Grebel, Le Tornoiment Antechrist, p. 73 et suiv.