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La situation de Valenciennes était analogue. Traversée par l’Escaut, une partie de la ville était en France et l’autre partie dans l’Empire. D’après Henri d’Outreman[1], le château et la plus grande partie de Valenciennes dépendaient de l’Empire, tandis que tout ce qui était au delà de l’Escaut relevait du roi de France et était en Ostrevant ; ce qui concorde avec le mémoire du xive siècle, d’après lequel l’Ostrevant s’étendait dans Valenciennes jusqu’à l’Escaut et au pont Noirron. Or, les Valenciennois, qui, en 1292, se plaignaient du comte de Hainaut, l’ayant vu prêter hommage au roi de France pour l’Ostrevant, prétendaient que toute la ville était en Ostrevant et devait ainsi se trouver en France[2].

Jusqu’à Philippe le Bel, il ne semble pas que des difficultés aient surgi entre les rois de France et l’Empire ou les vassaux de l’Empire au sujet de l’Ostrevant ; mais sous ce prince, des contestations s’élevèrent avec le comte de Hainaut à propos des limites de l’Ostrevant et des droits du roi en ce pays[3].

Avant les dernières années du xiiie siècle, l’Ostrevant appartenait au comte de Flandre ; Marguerite de Constantinople, comtesse de Flandre, morte le 10 février 1280 (n. st.), ayant assuré le Hainaut à son fils aîné, Jean d’Avesnes, mort avant sa mère le 24 décembre 1256, ce fut Jean II d’Avesnes, petit-fils de Marguerite, qui, à la mort de cette dernière, entra en possession du

  1. Histoire de la ville et comté de Valentiennes, 1639, in-fol. p. 105.
  2. A. d’Herbomez, op. cit., p. 32.
  3. À la même époque, on peut signaler de semblables conflits, à propos des frontières, dans l’Argonne et dans le val d’Aran. Voir Julien Havet : la Frontière d’Empire dans l’Argonne, enquête faite par ordre de Rodolphe de Habsbourg à Verdun, en mai 1288, dans Bibl. Éc. des chartes, t. XLII (1881), p. 383. Cf. H. Stein et L. Le Grand, la Frontière d’Argonne (843-1659). Procès de Claude de La Vallée (1535-1561). Paris, Picard, 1905. Philippe Lauer, Une enquête au sujet de la frontière française dans le val d’Aran sous Philippe le Bel, dans : Comité des travaux historiques et scientifiques. Bulletin de la section de géographie, t. XXXV (1920), p. 17-28. Ces entreprises justifient bien ce que dit Wauters des vues ambitieuses de ce roi : « Philippe le Bel et ses conseillers étaient bien décidés à ne rien négliger pour maintenir ou étendre les droits et la prépondérance de la monarchie française. Ainsi qu’on la parfaitement établi, ils aspiraient à donner à la France les limites du Rhin et même à doter de la dignité impériale la race de Hugues Capet. » (le Hainaut pendant la guerre du comte Jean d’Avesnes contre la ville de Valenciennes (1290-1297), p. 16 et 17 ; extrait du t. II, no 6, 4e série des Bulletins de la Commission royale d’histoire de Belgique). Cf. Boutaric, la France sous Philippe le Bel, p. 410 et suiv.